Lettre aux collègues qui débutent dans le métier de chef d’établissement
Chères et chers collègues,
Lorsque j’ai pris mes fonctions pour la première fois, il y a 20 ans, je croyais qu’être chef d’établissement consistait à diriger, à endosser les habits du « chef » qui a raison et voit plus loin que les autres.
J’ai compris depuis que c’est, au quotidien, d’abord un métier d’écoute.
Écouter les élèves, leurs silences plus encore que leurs mots.
Écouter les enseignants et les équipes, leurs enthousiasmes, leurs doutes, leurs colères parfois.
Écouter les parents, même lorsqu’ils expriment leurs inquiétudes maladroitement.
J’ai appris que notre autorité ne se décrète pas : elle se construit dans la constance, la clarté et la cohérence.
Dire non sans humilier, dire oui sans se renier. Tenir parole. Voilà sans doute la forme la plus simple et la plus forte du leadership.
J’ai appris qu’un collège ou un lycée n’est pas une machine administrative, mais un organisme vivant, traversé d’émotions, de tensions, de joies et d’espoirs.
Il faut en sentir le rythme, les respirations, les zones de fragilité. Parfois, au lieu de vouloir transformer rapidement, il faut prendre du temps et instiller le changement par petites touches.
J’ai appris qu’on ne réussit jamais seul.
La réussite d’un établissement tient à la confiance : celle qui se tisse, jour après jour, entre les équipes, les élèves et la direction. La confiance ne se décrète pas.
J’ai appris que le sens du métier se trouve aussi dans les gestes du quotidien : une réunion bien menée, une écoute sincère, un mot d’encouragement, un regard bienveillant.
C’est dans ces détails apparemment ordinaires que se joue aussi notre mission.
Et j’ai appris, enfin, que pour tenir dans la durée, il faut garder à côté des engagements ou des passions personnelles pour se ressourcer.
J’ai appris encore qu’il fallait savoir se satisfaire des « petites réussites » comme des plus grandes.
Alors, à celles et ceux qui commencent, je dirais simplement : avancez avec conviction, avec une vision humaniste d’une communauté éducative, avec un attachement véritable aux savoirs.
Car l’École ne rayonne jamais autant que lorsqu’elle transmet : le goût pour la vérité, le beau, les arts, le sport, les sciences, la culture… et celui de la fraternité, du respect et de l’altérité.
Ce métier, malgré sa complexité et la responsabilité qui pèse sur nos épaules, reste une aventure profondément humaine, collective, et pleine de sens.
Belle aventure !
Jean-Marc ROBIN
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