Avant de se lancer dans la préparation du concours de chef d'établissement, il faut être clair sur ses motivations et avoir fait, même rapidement, un petit bilan de compétences.
Quand on souhaite changer de métier, on le fait toujours pour deux types de raisons. D’abord, pour des « raisons négatives » liées à une forme d’insatisfaction dans son emploi (pouvoir d’achat, manque de reconnaissance, ennui, climat de travail, …), ensuite pour des « raisons positives ». Après avoir débuté ses recherches sur un métier, on entrevoit un nouveau champ de possibles: développer des compétences nouvelles, travailler autrement, prendre des responsabilités, défendre des valeurs qui nous sont chères, se projeter dans une nouvelle carrière, renouer avec un rêve ou une vocation, etc. On ne change jamais de métier par hasard, le désir d’évolution professionnelle est l’aboutissement de tout un processus.
Quand on interroge les français, une personne sur deux déclare vouloir changer de métier et pourtant peu d’adultes le font véritablement. Car changer de profession, c’est prendre des risques et cela représente un coût humain et financier. Le premier risque, et non des moindre, c’est celui d’échouer dans la phase de reconversion ou, pire, avec l’expérience d’être déçu et de constater qu’on sait bercé d’illusions. Changer de métier; c’est devoir consacrer un budget temps et renoncer à des dizaines d’heures de liberté pour se former, acquérir de nouvelles connaissances et compétences. C’est encore investir financièrement, dépenser pour de documenter, pour se déplacer ou assumer des frais d’une formation payante. Changer de métier, c’est enfin accepter un éloignement géographique, familial et perdre, parfois, une partie de ses ami qui ne comprennent pas ou n’acceptent pas le changement d’identité professionnelle. Changer de métier représente donc un « coût objectif et subjectif » pour des bénéfices incertains. Voilà, ce qui freine le désir de mobilité professionnelle.
Echappée belle
Les personnels de l’Education nationale qui souhaitent évoluer professionnellement et devenir personnel de direction prennent, pour leur part, finalement peu de risques. D’abord, à l’issue de l’année de stage, ils peuvent renoncer au bénéfice du concours. Ensuite, en cours de carrière, ils peuvent demander un détachement dans leur ancien corps. Ce qu’on appelle « les rétro carrières » ne sont pas si rares, d’ailleurs l’institution souhaite les rendre plus faciles, du reste elles peuvent être provisoires et correspondre à une respiration professionnelle. Notre institution, même si c’est une « grosse machine », sait trouver des solutions. La création dans chaque rectorat d’un directeur des ressources humaines et dans les départements d’un ou plusieurs DRH de proximité a marqué la volonté du ministère de mieux répondre aux besoins individuels de ses agents. Le statut de fonctionnaire offre un vrai filet de sécurité et permet d'oser, de changer de métier. Vouloir être heureux, épanoui et reconnu dans son travail est une attente encouragée par notre société qui accorde une place centrale à la réalisation de soi. Même si le combat collectif est toujours nécessaire pour améliorer dans le monde du travail la reconnaissance, la rémunération et le statut de chaque profession, l’échappée belle est une solution tout aussi légitime !
Reste à interroger ses motivations profondes, il faut que les raisons positives de changer de métier, et de passer le concours de chef d'établissement l'emportent sur les autres raisons ! (cf ma vidéo).