Devant l’Ecole, les enfants sont inégaux, on parle d’inégalité des chances. Ainsi, les filles / les fils de professeurs ou d’ingénieurs baignent dans un environnement matériel et culturel plus favorable à leur réussite : présence de livres à la maison, d’équipements informatiques, chambre personnelle, capacités des parents à aider leurs enfants dans leurs devoirs ou dans leur projet d’orientation, richesse du vocabulaire ou des conversations, pratiques culturelles, etc. Les parents des catégories employés ou ouvriers, tout autant attachés à la réussite scolaire de leurs enfants, disposent de moins d’atouts : ils ne connaissent pas les parcours d’excellence, ils peuvent plus difficilement encadrer les devoirs de leurs enfants ou les conseiller, ils voyagent peu et fréquentent moins souvent les institutions culturelles, etc.
L’approche en termes de catégories socioprofessionnelle (PCS ) établie par l’INSEE est insuffisante, c’est pour cela que la Direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP) a conçu un indice de position sociale (IPS) qui, selon Thierry Rocher, est « envisagé comme la résultante de variables familiales médiatrices des PCS sur les acquis cognitifs, c’est-à-dire de capitaux, de pratiques et d’attitudes caractérisant les PCS des parents et susceptibles d’avoir une influence sur le niveau de compétence de l’enfant ». Parmi ces variables, on trouve : les diplômes des parents, les conditions matérielles du foyer, le nombre de livres, l’équipement informatique ou internet, le niveau d’ambition et d’implication des parents ou les pratiques culturelles de la famille et de l’élève (théâtre, cinéma, musée, …). Au-delà de 100, l’IPS des parents impacte positivement (écart à la moyenne) la réussite scolaire des élèves et celle des EPLE. Selon la composition de chaque famille, l’Education nationale prend en compte l’IPS du responsable, du père ou de la mère. On peut aussi calculer « un indice croisé » prenant en compte les PCS de chaque parent.
Pour renforcer l'égalité des chances, les établissements scolaires ayant un IPS faible disposent généralement d'une dotation globale horaire (heures d'enseignement) complémentaire qui permet, notamment, de mettre en place des dispositifs d'accompagnement des élèves fragiles.
Facteurs de réussite
La note 23.16 publiée en mars 2023 par la DEPP rappelle quelques données concernant les collèges. Tout d'abord, l'IPS des EPLE varie de 45 à 185 et que l'IPS moyen des collégiens est de 105; celui des collégiens du privé grimpe à 121 quand celui des collégiens du public atteint tout juste 101. En éducation prioritaire, en REP +, l'IPS s'établit à 74, en REP à 86. Le secteur privé concentre - ce n'est pas une surprise - des élèves "dont le profil social est favorisé et peu diversifié" qui obtiennent de meilleurs résultats au diplôme national du brevet.
Toutefois, si le milieu social des élèves (IPS) favorise la réussite scolaire des élèves, celle-ci dépend tout autant des professeurs et de l'établissement scolaire. Les sociologues parlent "d'effet maître" et "d'effet établissement", ils soulignent encore le rôle de la dynamique de groupe avec "un l'effet classe".
En résumé, la réussite scolaire est corrélée à un quadruple effets : un effet élève et famille (1), un effet professeur (2), un effet classe (3) et un effet établissement (4). C'est logique car les apprentissages sont réalisés par un élève qui apprend en classe, avec une équipe enseignante et dans un établissement, mais qui apprend aussi à la maison, dans un cadre particulier, avec des parents plus ou moins en mesure de l'aider culturellement (vocabulaire, culture générale, ...) ou économiquement (cours particuliers, matériels pédagogiques, ...).