Les emplois hautement qualifiés sont attirés vers deux pôles : l’expertise et le management. Si on applique cette dichotomie à l’établissement scolaire, on peut considérer que l’adjoint en collège et lycée est un expert chargé notamment de l’organisation des examens et des emplois du temps, le chef d’établissement est davantage un manager qui pilote la politique pédagogique en s’appuyant sur sa connaissance fine des compétences individuelles et collectives des équipes. La définition des services, la composition des équipes et la désignation des professeurs principaux ou des innombrables référents serait un acte essentiel de la politique de ressources humaines de proximité.
Quelle place pour les adjoints au chef d'établissement ?
Expertise et management
Les emplois hautement qualifiés sont attirés vers deux pôles : l’expertise et le management. Si on applique cette dichotomie à l’établissement scolaire, on peut considérer que l’adjoint en collège et lycée est un expert chargé notamment de l’organisation des examens et des emplois du temps, le chef d’établissement est davantage un manager qui pilote la politique pédagogique en s’appuyant sur sa connaissance fine des compétences individuelles et collectives des équipes. La définition des services, la composition des équipes et la désignation des professeurs principaux ou des innombrables référents serait un acte essentiel de la politique de ressources humaines de proximité.
Cette division du travail éducatif a l’avantage de la cohérence, d’une situation d’expert l’adjoint est promu manager en devenant chef d’établissement, il a pu apprendre son métier par l’observation de ses pairs, et d’abord du principal ou du proviseur sous l’autorité duquel il travaille. La limite de ce modèle, c’est que le futur chef d’établissement doit patienter plusieurs années avant de mettre à l’épreuve ses habiletés en management, l’autre limite c’est que l’adjoint est prisonnier de la vision managériale de son chef. Ainsi, soit le chef lui délègue des missions qui le préparent à devenir un manager, soit il le confine dans des tâches d’expert exécutant.
Au fond, les adjoints sont dans la même situation que les conseillers principaux d'éduction, ils restent prisonniers de la conception par le chef d’établissement de leur rôle (1). Certes, le syndicat majoritaire des personnels de direction s’est battu pour affubler aux adjoints le titre « de chefs d’établissement adjoints » mais personne n’y croit, et certainement pas l’institution qui a décidé que la fiche de poste et les missions de l’adjoint seront définies par le chef. Puisque les chefs d’établissement et les adjoints ne choisissent pas mutuellement, le chef doit imposer son leadership, y compris par l'évaluation de son collègue, CQFD !
Peut-on faire autrement ?
La dyarchie ne crée que de la confusion mais il n’est pas interdit de réfléchir aux progrès possibles : outre le choix du chef par son adjoint et inversement, on pourrait mieux identifier qui parmi les chefs d’établissement doit travailler seul et s’entourer d’enseignants « chargés de mission de direction », qui peut assurer un véritable compagnonnage et faire grandir « son adjoint », comme c’est (souvent) le cas pour la désignation des chefs d’établissement d’accueil de stagiaires.
L’Ecole comme organisation devait être davantage attentive aux affinités électives. Si la recherche indique clairement que les « premières impressions ne sont pas toujours les bonnes » et que chacun de nous peut se tromper dans le jugement sur autrui, l’expérience montre que la première impression laisse des traces dans les relations professionnelles. L’organisation de rencontres entre chefs et adjoints avant la prise de poste est une piste à creuser, surtout si on sait que le duo devra travailler ensemble pendant au moins trois années. Une autre piste consisterait à desserrer les règles de mutation, le jury du concours a identifié des personnalités capables de devenir chef d’établissement rapidement, pourquoi alors faire patienter inutilement trois ans les adjoints qui s’estiment prêts à endosser de nouveaux habits, certains faisant-fonction totalisent en effet plusieurs années comme adjoint avant d’être promus chef d’établissement, il y a clairement un gaspillage de ressources humaines.
En résumé
Nous proposons de réduire le nombre d’adjoints notamment dans les petits établissements et de créer plutôt des « chargés de mission de direction » parmi les professeurs avec une décharge de service, nous proposons encore de réserver les postes d’adjoints de gros établissements aux lauréats du concours en s’assurant d’un véritable appariement ; enfin, nous suggérons de promouvoir rapidement les adjoints sur des postes de chefs en renforçant dès la deuxième année leur formation au management.
Bien sûr, le nombre de places offertes au concours diminuera mécaniquement mais les professeurs qui ont des velléités de prise de responsabilités dans leur établissement ou souhaitent passer le concours auront davantage d'opportunités de se former par la pratique, enfin la fluidité des parcours professionnels des adjoints devrait y gagner.
(1) Voir mon article sur les conseillers principaux d'éducation dans "Au coeur de l'Ecole" (2021)
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