Selon le jury « Sans une préparation sérieuse et approfondie, les candidats ne seront pas au rendez-vous »
Plus que les années précédentes, le rapport du jury insiste sur la qualité de la préparation des candidats. Avec un taux de réussite de 18,2 %, moins d’un candidat sur cinq a décroché les concours parmi les 3.000 présents à l’épreuve écrite de janvier. La sélectivité est bien réelle car, au final, quatre candidats sur cinq échouent (81,8 %). En conclusion, le jury donne plusieurs recommandations :
La première c’est d’avoir « une vision globale des enjeux du système éducatif, de la maternelle à l’enseignement supérieur, de s’intéresser aux réformes en cours et de s’attacher à en comprendre le sens ».
Deuxième recommandation c’est de « connaître en profondeur l’établissement dans lequel on exerce, chercher à en comprendre les forces et les faiblesses, observer le positionnement et les actions des personnels de direction, participer aux instances et en identifier le fonctionnement ».
Troisième recommandation : « rencontrer des chefs d’établissement et des adjoints au sein d’EPLE différents, voire d’autres cadres en charge du pilotage (inspecteurs, DASEN, conseillers du recteur) pour aborder diverses problématiques et les solutions apportées ». Il faut aussi « étudier des cas concrets pour comprendre certains processus de résolution de situations rencontrées ».
Les épreuves
Le jury rappelle le rôle déterminant de l’oral avec un coefficient 2, l’écrit d’admissibilité étant coefficienté 1. Les membres de la commission - qui ont pris connaissance du rapport établi par le candidat - attendent « un exposé construit qui fait le lien entre les missions actuelles, les compétences développées et celles attendues d’un chef d’établissement, un entretien qui prend appui sur les propos tenus dans le dossier ou lors de l’exposé et confirme les qualités, les connaissances et les compétences d’expertise que le candidat déclare avoir déclaré ». Une exigence s’impose : s’entraîner dans le cadre d’oraux blancs, développer son aisance orale, apprendre à gérer son stress et éviter toute récitation. Le jury le souligne, il faut éviter d’apprendre par cœur son exposé, et s’appuyer plutôt sur plan détaillé et des mots clés pour soutenir son propos dans un langage fluide et naturel.
Mais avant de triompher de l’oral, il faut passer la barrière de l’écrit, et là encore les erreurs à éviter sont nombreuses :
-Lire trop vite le sujet et mal répondre la commande. Le sujet de la session 2021 n’exigeait pas des candidats de réaliser un diagnostic mais de centrer leurs propositions sur l’explicitation d’une stratégie et d’actions opérationnelles et évaluables.
-Négliger la forme (lisibilité de la copie, fautes d’orthographe), ne pas adopter la bonne posture (formule de politesse, remerciements aux chefs d’entreprises et reconnaissance de leur rôle dans la formation des élèves de lycée professionnel, …)
-Plaquer des plans d’actions passepartout ou proposer un catalogue de mesures sans avoir ancré toutes ses propositions dans le contexte proposé par le sujet : un LP d’une agglomération de taille moyenne à la périphérie d’une grande métropole, accueillant des élèves des collèges de proximité classés en éducation prioritaire.
-Méconnaître la réforme de la voie professionnelle, et le rôle essentiel des DDFPT, des directeurs délégués aux formations professionnelles et technologiques.
-Oublier le dossier documentaire alors qu’il ouvrait des pistes pertinentes pour traiter le sujet, ou sous-exploiter les indicateurs statistiques pour construire son argumentation.
Finalement, le jury pointe la difficulté des candidats à répondre à la commande, à s’emparer du dossier, à étayer leurs propositions par des exemples, des connaissances universitaires ou des données, comme leur difficulté aussi à ajuster leur communication écrite, ici savoir rédiger une lettre en direction des chefs d’entreprise.
Message clair
Le message du jury est très clair : sans une préparation renforcée par un entraînement répété aux épreuves écrite et orale, les candidats ont peu de chance de réussir ; s’inscrire dans une formation s’impose.
On peut regretter l’absence de bibliographie indicative. En fait, le point de vue du jury n’a jamais changé, il fustige chaque année « le formatage » des préparations, et sans doute considère-t-il, sans l’exprimer explicitement, que les futurs cadres doivent savoir prendre en mains leur préparation et ne pas « tout » attendre de leurs formateurs. Les candidats doivent se faire confiance et développer des compétences transversales : savoir faire de la veille, savoir fixer ses connaissances sur des supports appropriés, savoir identifier et hiérarchiser les sources d’information, savoir entrer en contact avec des cadres ou des acteurs de l’école et, surtout, savoir identifier ses propres points faibles pour les travailler d’arrache-pied pendant toute une année. Avant de débuter sa préparation, faire un bilan de ses compétences à la lumière de celles attendues des chefs d’établissement reste une étape incontournable, la meilleure façon de le faire c’est de rédiger une première ébauche de son dossier (CV, lettre de motivation, rapport d’activité) … cet été.
Lire les témoignages intéressants de Marie Perpère (lauréate 2021) dans Les Cahiers Pédagogiques ou de Vanessa Véret sur concours-personnel-direction.fr