Entre stimuler la recherche en éducation (le CNESCO) et renforcer l’évaluation des EPLE (le CNEE), on a du mal à comprendre pourquoi il faut choisir ! L’Ecole de la République n’a-t-elle pas besoin de ces deux instances pour progresser ?
On connaît désormais dans le détail les 25 articles du projet de loi intitulé Pour une Ecole de la confiance déposé à l'assemblée nationale le 5 décembre 2018. Chacun pourra s'en faire une idée, pour les uns - dont le Café Pédagogique - c'est un pas de plus vers le marché et le néolibéralisme triomphant, pour d'autres et le Ministre c'est une étape de plus vers la transformation nécessaire du système éducatif pour qu'il accomplisse mieux ses missions d'égalité des chances et d'élévation du niveau général des élèves. La mise en oeuvre - comme d'habitude - permettra de trancher.
Que peut-on retenir ?
En matière de scolarité (1), l'abaissement de l'âge à 3 ans de l’instruction obligatoire, le contrôle à domicile des familles qui choisissent d'éduquer elles-mêmes leurs enfants, la possibilité pour les établissements scolaires de prélever sur les bourses nationales la demi-pension ou les frais d'internat pour que les familles ne fassent pas l’avance des frais.
S’agissant des établissements scolaires (2), la création d'un établissement public local d'enseignement international (EPLEI), la mise en place d'une politique nationale d'évaluation pilotée par le nouveau Conseil National pour l'Evaluation de l'Ecole (CNEE). Les EPLE seront évalués sur l’ensemble de leurs missions : l’enseignement, les progrès des élèves, les projets pédagogiques ou encore le climat scolaire, cette évaluation pourra être rendue publique. Ils auront la possibilité d'expérimenter une nouvelle organisation pédagogique et éducative pour une durée de 5 ans.
En matière de gouvernance (3), l’article 17 prévoit la possibilité « d’un nouveau découpage territorial des circonscriptions académiques et la réorganisation, sur le territoire national, des services déconcentrés relevant des ministères chargés de l’éducation nationale » et l’article 18 la modification de l’organisation, du fonctionnement et les attributions des conseils académiques et départementaux de l’éducation nationale afin de « redynamiser le fonctionnement de ces instances qui ont vocation à devenir des outils de concertation des politiques publiques éducatives au plus près des spécificités de chaque territoire ».
Enfin, en matière de gestion des ressources humaines (4), le projet de loi réaffirme l’importance de la formation continue, le remplacement des ESPE par les Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Education (INSPE) ou encore la possibilité de procéder à des précrutements en permettant à des assistants d’éducation (AED) « d’exercer, de manière progressive et dans une perspective de préprofessionnalisation, des fonctions pédagogiques, d’enseignement ou d’éducation des missions d’enseignement ou d’éducation ».
CNEE versus CNESCO
De toutes ces dispositions, la disparition programmée du CNESCO (2014) qui a accompli un formidable travail de recherche et stimule - qu’on soit d’accord ou non avec ses préconisations - la réflexion des acteurs de l’Ecole est sans aucun doute la plus contestée, et - disons-le-, la plus contestable. Le CNESCO n’a pas été créé pour évaluer les établissements scolaires mais le système éducatif dans son ensemble et c’est justement pour cela qu’il pouvait dialoguer en confiance avec les cadres pédagogiques (inspecteurs ou chefs d’établissement) et les autres membres de la communauté éducative. Entre stimuler la recherche en éducation (le CNESCO) et renforcer l’évaluation des EPLE (le CNEE), on a du mal à comprendre pourquoi il faut choisir ! L’Ecole de la République n’a-t-elle pas besoin de ces deux instances pour progresser ? Conserver le CNESCO, c’était inscrire les politiques publiques d’éducation dans une continuité républicaine et le temps long dont les acteurs de terrain ont besoin.